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L’autonomie comme création de son propre écosystème : histoire d’un affranchissement

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L’autonomie nous concerne toutes et tous : nous l’acquérons lorsque nous nous confrontons aux situations changeantes qui exigent que nous nous adaptions individuellement, avec nos ressources propres et nos aspirations. Le handicap est une expérience de l’autonomie qui attire plus particulièrement notre attention sur l’effort constant que nous avons à fournir pour évoluer dans le monde : elle présente des obstacles que ne connaissent pas les personnes valides, et face auxquels la tâche de s’adapter est plus ardue. Découvrez le compte-rendu de l’intervention d’Anne-Lyse Chabert, philosophe, dans le cadre de la quatrième séance du séminaire de recherche « Autonomie(s), indépendance et dépendance ».

Prévisualisation de la première page du compte-rendu de la quatrième séance du séminaire "Autonomie(s)"

L’autonomie : toutes et tous en chemin

Pour Anne-Lyse Chabert, l’autonomie n’a pas à être spécifiquement rattachée au handicap et au vieillissement : nous devons toutes et tous construire notre autonomie, de situation en situation, en tenant compte de nos aspirations et de nos ressources.

« L’autonomie n’est pas tant un résultat, une photographie, qu’un cheminement ou encore un processus, une démarche à recommencer à chaque nouvelle situation, à la manière de la toile de Pénélope. ».

Le handicap vient mettre en relief le combat qu’est l’autonomie. Mais ce n’est pas un combat que l’on mène seul, quoique celles et ceux qui nous accompagnent dans cette démarche ne doivent pas agir à notre place. Le devenir de l’autonomie est à rapprocher du processus d’éducation, où l’on est guidés puis, une fois assurés de nos capacités, laissé à l’exercice de nos capacités acquises.

« Un élément important de l’autonomie est qu’elle nécessite un apprentissage : si personne ne nous a montré comment prendre des risques afin de parvenir à obtenir davantage, nous n’oserons pas le faire. ».

L’autonomie à la lumière de l’autonomie

« L’expérience du handicap lui fait décrire l’autonomie comme une forme d’épanouissement correspondant à la sensation d’avoir avancé dans la construction de sa vie, dans l’établissement de liens solides avec les autres et tout ce qui nous entoure. ».

Anne-Lyse Chabert témoigne notamment de l’expérience de son handicap : évolutif, il la confronte à la nécessité d’apprendre régulièrement de nouvelles compétences pour refaçonner son autonomie.

S’appuyant sur le concept de « capabilités » d’Amartya Sen, elle montre l’importance de prendre en compte l’impact de l’environnement sur l’autonomie des personnes. Elle critique le système des compensations, généralement adopté pour permettre aux personnes handicapées de développer leur autonomie. Pour elle, l’autonomie ne peut se déployer réellement à travers ce cadre, qui contraint les individus.

« Autonomie et stratégie sont caractérisées par le fait qu’elles sont construites par les individus sur leur propre terrain. L’effort de l’autonomie consiste alors à faire résonner ce dont on est capable et à mettre en avant le meilleur de soi-même. ».

A propos d'Anne-Lyse Chabert

Anne-Lyse Chabert est philosophe, chargée de recherche au CNRS, membre de l’Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM) de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon. Elle mène une réflexion transversale sur l’expérience du handicap, les normes de vie et la créativité dans les situations de handicap extrêmes. Elle travaille notamment à partir de son expérience de vie singulière pour réfléchir aux dimensions universelles de l’expérience du handicap. Elle est l’autrice des ouvrages Vivre son destin, vivre sa pensée (Albin Michel, 2021) et Transformer le handicap au fil des expériences de vie (Erès, 2017).

Pour aller plus loin

Suite à la troisième séance du séminaire de recherche “Autonomie(s), indépendance et dépendances”, retrouvez le compte-rendu complet de l’intervention de Gildas Brégain.

L’autonomie au prisme des politiques du handicap

18 mars 2024 | Laure Saincotille

Suite à la troisième séance du séminaire de recherche “Autonomie(s), indépendance et dépendances”, retrouvez le compte-rendu complet de l’intervention de l’historien Gildas Brégain.