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Retour sur la rencontre à l’Assemblée nationale

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Le 23 janvier 2024, une délégation composée de représentantes du PPR Autonomie, de l’ILVV (Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement) et de la Fedrha (Fédération pour la recherche sur le handicap et l’autonomie) a rencontré à l’Assemblée nationale les députés Jérôme Guedj et Annie Vidal, respectivement Président et Vice-Présidente du Groupe d’étude « Longévité et adaptation de la société au vieillissement ». Cette rencontre traduit la volonté de créer des relations au long cours avec les acteurs de la décision publique, notamment les parlementaires, et ainsi soutenir le dialogue science-société. Retour sur cette première entrevue qui a permis de discuter, partant de l’apport des sciences humaines et sociales (SHS), des grands enjeux liés aux discussions en cours autour de l’adaptation de la société au vieillissement, mais aussi des besoins identifiés pour soutenir ce dialogue science-société, par le soutien des acteurs qui participent aux transferts des connaissances.

Photo de l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

Penser l’adaptation de la société au vieillissement ne pourra se faire sans une remise à plat du système de protection sociale

Actuellement les politiques publiques de l’autonomie sont construites dans une double urgence : celle de palier aux dysfonctionnements, et celle de répondre dès aujourd’hui aux besoins quotidiens non couverts des personnes, de leurs aidants, des professionnels, etc.

L’enjeu, à présent, est d’inscrire cette gestion des urgences dans un projet de société à long terme qui intègre les enjeux liés à la transition démographique sur le modèle de ce qui a été construit pour gérer ceux liés à la transition écologique, c’est-à-dire de manière transversale et systémique. Ce sont l’ensemble des politiques publiques (du logement, de l’emploi, de la santé, des transports, mais aussi les politiques éducatives, etc.) qui doivent être repensées dans leur conception et les modalités de leur mise en œuvre.

Cela invite à penser une refonte générale de l’Etat social, non plus basé sur des groupes d’âge, mais qui considère à la base des situations et des besoins individuels, et qui prend en compte les caractéristiques socio-démographiques des personnes (genre, classe, parcours salarial, etc.). De plus, au-delà de la diversité des besoins individuels à un moment donné, il faut aussi considérer leur évolutivité plurielle : tout le monde ne connaît pas le même vieillissement, ce qui suppose une certaine capacité d’adaptation du système de protection sociale, une agilité dans les réponses apportées. En effet, homogénéiser une population à partir d’une déficience ou d’une classe d’âge fait courir le risque de réponses globalisantes insatisfaisantes. Par ailleurs, cela est de nature à renforcer les stéréotypes : au moment de concevoir les politiques publiques, et de les traduire dans des dispositifs, pratiques, etc. à l’étape de leur mise en œuvre, ou encore au moment de développer de nouvelles solutions (technologiques, organisationnelles, etc.).

De ce point de vue, le dialogue et l’étude comparée entre ce qui est déployé dans le champ de l’âge d’un côté, et dans celui du handicap de l’autre, semble indispensable pour accompagner la construction d’un champ transversal qui pourrait être celui de l’autonomie. Penser l’adaptation de la société au vieillissement doit s’inscrire dans une réflexion plus globale de son adaptation aux personnes en situation de handicap tant les enjeux sont communs.

Finalement, ce premier échange a permis d’esquisser un cadre à la réflexion, dans lequel il est souhaité de pouvoir approfondir les échanges autour de chantier particulier : les aidants, attractivité des métiers du care, l’habitat et les lieux de vie, la co-conception des solutions, etc.

Des parlementaires à l’écoute, soucieux de mobiliser l’expertise des SHS

Les échanges ont permis aux parlementaires de mieux identifier les apports singuliers des recherches en sciences humaines et sociales (SHS). Celles-ci, à côté des sciences médicales et technologiques, doivent prendre leur part, et donc être associées aux démarches de concertation, pour éclairer les politiques publiques sur la réorganisation du système de protection sociale. En effet, le constat est fait qu’elles le sont malheureusement trop peu souvent à l’occasion des démarches initiées par les parlementaires.

Les députés ont également pu partager leurs attentes vis-à-vis de la communauté scientifique. Leur ambition est de plancher sur des lois de programmation pour préparer les décennies à venir. Dans ce contexte, ils sont soucieux de ne pas passer à côté de pans entiers de la production scientifique. Ainsi, ils ont partagé leur besoin de disposer de résultats de recherche formalisés de sorte à pouvoir se traduire dans un programme politique, tout en étant conscient que ce travail de transfert des connaissances est un chantier en tant que tel, et que les chercheurs n’ont pas forcément à en être à l’initiative.

Au-delà du soutien à la production de connaissances scientifiques, se dessine l’enjeu de soutenir les acteurs qui animent les communautés de recherche et participent au transfert des connaissances

La discussion a permis de rappeler que la recherche sur les question d’autonomie a été structurée par étapes successives qui ont vu l’arrivée de nouveaux acteurs, aux nouvelles missions, en lien avec les besoins des communautés de recherche. Le déploiement d’un programme prioritaire de recherche (PPR) dédié aux thématiques de l’autonomie procède de cette dynamique, et traduit le souhait des pouvoirs publics de renforcer la recherche en SHS sur cette thématique.

S’il est souhaité que la recherche en SHS, et c’est le cas, prenne part au débat public, il faut soutenir, au-delà de la production de connaissances scientifiques nouvelles, le développement des fonctions et des métiers d’appui à la recherche, notamment à l’étape du transfert des connaissances. Cela doit se traduire par la mise à disposition de moyens humains et financiers supplémentaires ; ce travail ne peut pas reposer sur les seuls chercheurs.

Enfin, cette étape supplémentaire visant à renforcer le dialogue science-société doit se faire dans le respect des dynamiques de structuration passées. Les acteurs se sont organisés de longue date, souvent difficilement, dans un cadre budgétaire plus que contraint, et il important de partir de cet écosystème, et de renforcer les acteurs existants.

Zoom sur les participantes à la rencontre

Pour le PPR Autonomie :

Pour l’ILVV : Emmanuelle Cambois, Directrice de l’ILVV0, directrice de recherche à l’Ined.

Pour la Fedrha : Hélène Sauzéon, membre du comité directeur de la Fedrha, Professeure à l’Université de Bordeaux.

Thomas Borel, responsable des affaires publiques au CNRS, était également présent et a participé à la préparation de cette rencontre.

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