Projet lauréat du 1er appel à projet du PPR Autonomie visant à éclairer les défis scientifiques sur la définition de la notion d’autonomie et la conception et la mise en œuvre des politiques publiques, le projet COMPAC a réuni les 22 et 23 mai 2023 ses partenaires français et étrangers pour un premier temps de travail commun. Retour sur ces journées.
Retracer une socio-histoire des politiques de l’autonomie par la comparaison internationale
Philippe Martin, juriste et directeur de recherche CNRS, responsable scientifique du projet COMPAC, a réuni pour la première fois les 22 et 23 mai 2023 les chercheurs français et étrangers membres du projet COMPAC.
Durant ces deux jours, les chercheurs ont retracé la socio-histoire des dispositifs régissant la prise en charge des personnes âgées et en situation de handicap dans différents contextes nationaux. Il s’est agi de savoir, notamment, comment ont pu émerger les catégories juridiques « personnes âgées », « personnes handicapées », avec quels référentiels, et de questionner les systèmes dans lesquels perdure une dualité, comme au Japon ou en France.
Ont d’abord été présentées les réformes des politiques publiques de l’autonomie des années 1980 à nos jours dans différents pays (Allemagne, Chine, Espagne, Finlande, France et Japon), poursuivant un objectif comparatif. A cette occasion, il a été rappelé que la Finlande a par exemple connu un important mouvement de désinstitutionalisation – entraînant la sortie des personnes en situation de handicap des structures médico-sociales – ce que n’a pas connu la France sur la même période.
Les chercheurs sont aussi revenus sur la diversité des acteurs de la prise en charge. Aux côtés du recours traditionnel par les Etats au tiers-secteur (associations à but lucratif ou non-lucratif) dans le cadre d’une délégation de service public, on note la présence des Églises, des organisations de travail, et des membres de la famille. Du côté des aidants, est par exemple rappelé qu’ils ne bénéficient pas de la même reconnaissance selon les pays, et que celle-ci s’est construite sur le temps long. Si l’on prend l’exemple de l’Allemagne, les femmes ont historiquement été au cœur du système d’accompagnement, impactant négativement leur trajectoire professionnelle et, c’est pour soutenir cet accompagnement au domicile qui reste le souhait des personnes, que des mécanismes de compensation ont peu à peu été mis en place. Au Japon et en Chine, ce sont principalement les enjeux liés aux dynamiques démographiques qui conduisent à questionner les cadres législatifs. Au vieillissement important de la population s’ajoute l’arrivée des femmes sur le marché du travail, interrogeant sous un nouvel angle le rôle de la famille dans la prise en charge de la dépendance et du handicap, dont un substitut est, pour l’heure, le recours à une main d’œuvre immigrée pour occuper un rôle d’aidant.
Par ailleurs, les chercheurs souhaitent s’intéresser aux déclinaisons locales des politiques publiques nationales de prise en charge. Les premières discussions ont mis en exergue le rôle pivot en Finlande, comme en Chine, au Japon ou en Espagne, des municipalités dans le développement de projets pilotes innovants, ou la déclinaison territoriale des modalités de prise en charge, et l’évaluation des besoins des individus.
A l’occasion de ces riches discussions, des interrogations sur la définition de l’autonomie à retenir dans le cadre de ce travail de comparaison internationale ont été soulevées. Ce terme d’ « autonomie » ne recouvre pas les mêmes réalités de par le monde, et son usage en France interroge les chercheurs étrangers. Pour autant, il est utilisé au Japon : on le retrouve par exemple dans la loi de 2005 sur le respect de l’autonomie des personnes handicapées, en lien avec la question de la dignité des personnes et la conformité au cadre réglementaire des droits de l’homme.
Appel à candidature : recrutement de deux contrats doctoraux et deux contrat de recherche
Afin d’avancer dans la réalisation des travaux de recherche, le projet COMPAC débute en ce mois de mai ses recrutements. Ainsi, 4 postes sont à pourvoir :
- Un contrat doctoral rattaché au laboratoire COMPTRASEC en sciences du droit sous la direction de Philippe Martin (candidature avant le 19 juin 2023) ;
- Un contrat doctoral rattaché au Centre Emile Durkheim en sociologie, sciences politiques ou anthropologie, sous la direction de Marina Honta et Thibault Bossy (candidature avant le 19 juin 2023) ;
- Un contrat de recherche de 18 mois rattaché au laboratoire Passages en sociologie ou anthropologie sous la direction de Marie-Laure Pouchadon (candidature avant le 15 juin 2023) ;
- Un contrat de recherche de 18 mois rattaché au laboratoire Arènes en sociologie ou sciences politiques sous la direction de Thomas Frinault (recrutement à venir, fiche de poste disponible ci-dessous).
L’ensemble des personnes recrutées seront amenées à travailler ensemble et à articuler leurs travaux. Elles seront intégrées à la vie du consortium et invitées à prendre part aux actions d’animation scientifiques transversales conduites par l’équipe projet du PPR Autonomie.
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