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Entretien avec le webmaster David Daumer

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Si vous avez connu les débuts du site internet du PPR Autonomie, vous aurez peut-être remarqué qu’il a fait peau neuve au printemps ! Nous avons notamment souhaité continuer à améliorer son accessibilité, quoi qu’il ne réponde pas encore à tous les critères requis pour cela. Afin de nous accompagner dans ce processus sur le long terme, nous avons entamé une collaboration avec un nouveau prestataire : le webmaster David Daumer, engagé dans la conception de sites internet écoresponsables, mais également formé aux questions d’accessibilité.

Découvrez son travail dans cette interview  ! Il y revient sur sa démarche et dessine un premier aperçu de ce à quoi il faut penser lorsque l’on souhaite se doter d’un site à la fois écoresponsable et accessible.

Portrait photo de David Daumer
PPR Autonomie — David Daumer, vous êtes webmaster, spécialisé dans la conception de sites internet écoresponsables et accessibles. Pouvez-vous revenir sur votre parcours, qui vous a conduit à vous spécialiser dans ces domaines ?

David Daumer — Oui, bien sûr ! Actuellement, je suis UX/UI Designer et développeur en écoconception web.

J’ai commencé le freelancing en juillet 2019 en tant que web Designer. J’adorais mon métier, mais je sentais bien que mes pratiques étaient en contradiction avec mes valeurs. Je ne pouvais pas continuer sur cette voie sans penser à l’environnement et à l’humain.

J’ai rapidement compris que le numérique a un impact très important sur l’environnement : il représente aujourd’hui 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour vous donner un ordre de grandeur : si l’empreinte environnementale du numérique mondial était un pays, il représenterait de 2 à 5 fois la France. Pendant 6 mois, je me suis donc intéressé à cet impact et j’ai découvert l’écoconception dans le bâtiment, qui m’a amené à l’écoconception web.

Côté « humain », l’ergonomie et l’accessibilité sont encore trop souvent oubliées dans la création web. C’est pourquoi, même si mes clients n’y allouent pas de budget en particulier lorsqu’ils commandent une prestation, je propose toujours une base d’accessibilité dans mes créations : contenu textuel, formulaire, navigation, etc.

Aujourd’hui, je parviens à faire mon métier tout en respectant mes convictions écologiques et humaines, car j’ai beaucoup appris pour changer mes usages et accompagner mes clients à s’engager également.

L’écoconception et l’accessibilité devraient faire partie du kit de base pour créer une interface web !

PPR Autonomie — Pensez-vous que les informaticiens sont désormais bien informés sur ces besoins en conception, ou est-ce encore trop peu abordé dans les cursus « classiques » ?

David Daumer — Malheureusement, l’écoconception est encore peu répandue en France — même si on en parle de plus en plus, notamment grâce aux fresques du climat ou numérique. Dans les cursus scolaires digitaux, on parle très peu d’écoconception web. Pour ma part, lors de ma formation en web design et développement il y a six ans, le sujet n’a jamais été abordé. Il faut dire qu’on commençait à peine à parler d’accessibilité, d’UX Design et d’UI Design émotionnel !

PPR Autonomie — Quels sont les services que vous proposez à vos clients ? Est-ce que votre travail sur l’écoresponsabilité et laccessibilité a un impact sur votre façon de travailler avec eux ?

David Daumer — J’offre des services assez variés, de l’étude du besoin d’un projet web à la maintenance du site web côté serveur, en passant par le développement et la conception UX et UI. Depuis 2023, je propose aussi des audits en accessibilité et en écoconception web. 

Si je propose autant de prestations, c’est parce que lorsque je me suis intéressé à l’écoconception il y a six ans, j’ai dû me former en autonomie, grâce au livre de Frédéric Bordage Écoconception web, 115 bonnes pratiques. C’était un processus de déconstruction lors duquel j’ai dû réapprendre complètement à créer une interface web.

Il faut savoir que l’écoconception ne se base pas seulement sur la conception : toutes les phases d’un projet web sont impliquées : « L’écoconception consiste à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou service, et lors de toutes les étapes de son cycle de vie ». (AFNOR, 2004) En effet, environ 45 % des fonctionnalités d’un site ne sont jamais utilisées. C’est pourquoi il est primordial de travailler sur le besoin en amont de la création, de s’interroger sur les besoins auxquels doit répondre le site web.

Aujourd’hui, j’accompagne les structures en amont de la conception de leur site. J’organise un atelier — qui inclut si possible 2 ou 3 personnes de leur cible, afin de mieux comprendre leur projet et de pouvoir aller à l’essentiel. Bien sûr, si le client à une forte appétence sur le sujet, il sera plus enclin à faire des compromis pour réduire l’impact environnemental de son interface web.

PPR Autonomie — L’attention à l’écoresponsabilité et à laccessibilité a-t-elle des inconvénients — pour les concepteurs et pour les clients ? Les sites internet écoresponsables et accessibles sont-ils plus compliqués à concevoir et moins attrayants ?

David Daumer — Beaucoup de concepteurs de sites internet cherchent avant tout à impressionner les utilisateurs. Certains ont même pour ambition première de remporter des awards pour leurs interfaces web, par exemple en développant des animations. 

Je pense qu’il faut revenir à la base : les besoins des usagers. Un site web est avant tout un outil de communication qui permet de délivrer une information. Si un site est une pure vitrine dont l’aspect « cosmétique » impacte négativement la fonction première, tous les efforts du concepteur auront été inutiles — et même néfastes, car le site devient un obstacle pour ses usagers. Suivant cette logique, l’attention à l’écoresponsabilité et à l’accessibilité a plus d’avantages que d’inconvénients.

Parmi ces atouts, je retiens surtout les suivants :

  • Meilleure évaluation et mise en œuvre des besoins ;
  • Réduction de la pollution numérique (consommation d’énergie, émission de gaz à effet de serre, extractions des ressources, déchets électroniques) — lors de la création du site web, mais aussi tout au long de sa vie si l’on fait le choix de passer par un hébergeur vert ;
  • Allongement de la durée de vie des équipements (ordinateur, tablette, smartphone…) ;
  • Évitement de l’obsolescence logicielle ;
  • Pérennité du site web ;
  • Optimisation des performances et du référencement — les moteurs de recherche mettent davantage en avant les sites qui sont « légers » et chargent rapidement ;

En ce qui concerne les coûts de production, c’est plus contrasté.

Un site écoresponsable ne coûte pas plus cher qu’un site qui ne l’est pas, voire il peut être moins coûteux, car il est plus sobre et plus simple à créer.

En revanche, le travail sur l’accessibilité d’un site web peut représenter une part non négligeable du budget, surtout si l’on souhaite atteindre le niveau « AAA » du référentiel général d’accessibilité pour les administrations (RGAA). Il faut donc bien anticiper : lorsque le concepteur et son client sont attentifs à l’écoconception et à l’accessibilité dès le début du projet de création de site web, les comportements frugaux sont favorisés et la conception est simplifiée.

Mais simple ne veut pas dire dépourvu d’identité : on peut avoir un site web écoconçu et accessible qui soit très attrayant ! Je me donne aujourd’hui pour mission de concilier l’ensemble de ces problématiques.

PPR Autonomie — Est-il facile de concilier écoresponsabilité ? Est-ce que laccessibilité a un « coût écologique », qui demanderait de faire des concessions en faveur de l’une de ces problématiques de conception, et au détriment de l’autre ?

David Daumer — L’écoconception et l’accessibilité vont souvent de pair : simplifier la conception, c’est simplifier l’usage du site web. 

L’accessibilité représente un coût très faible sur l’environnement. Et même s’il peut être un peu plus « verbeux » en développement, cette dette technique sera moindre. Si on prend l’exemple d’une vidéo, si elle n’est pas sous-titrée, elle sera inutile pour une personne atteinte de défiance auditive, mais ajouter des sous-titres a un faible impact écologique.

D’autre part, un site web mal conçu, peu accessible, ne sera pas ou peu utilisé et polluera davantage

PPR Autonomie — Si vous deviez donner un petit « kit de démarrage pour améliorer l’écoresponsabilité et laccessibilité de son site internet », quels sont les points essentiels vers lesquels vous souhaiteriez attirer l’attention ?

David Daumer — Il ne faut bien sûr pas oublier le maître mot : partir du besoin des usagers et usagères en s’interrogeant sur les fonctionnalités qui leur seront utiles. Il faut aussi rester attentif aux impacts de chaque fonctionnalité : chercher à en alléger la conception, ou à défaut trouver une alternative.

La conception est, on l’a vu, un moment important auquel il faut donner davantage de temps. Mieux vaut s’y attarder en faisant tester des maquettes : il est plus simple et moins coûteux de déplacer une ligne de code lors de la conception qu’à l’étape du développement web.

Ensuite, il y a des choses faciles à mettre en place :

  • Éviter d’utiliser des vidéos, surtout d’ambiance. Si l’on ne peut pas s’en passer, penser à les compresser ;
  • Éviter les animations inutiles, surtout en JavaScript ;
  • Bien compresser les images et éviter de les redimensionner ;
  • Utiliser un nombre réduit de polices et de fontes (deux ou trois maximum), et bien les choisir, car certaines sont très lourdes tout en n’étant pas accessibles. C’est par exemple le cas des styles imitant l’écriture manuscrite ;
  • Faire attention à la taille des typographies : pas moins 14px, idéalement 16px ;
  • Penser à remplir les balises « ALT » (texte alternatif) des images informationnelles en décrivant leur contenu avec soin. Il faut rédiger un texte court et concis (pas plus de 80 caractères) en utilisant la méthode des 3W (qui, quoi, où) ;
  • Utiliser des couleurs aux contrastes élevés pour favoriser la distinction des différents éléments des pages, et faire attention à ce qu’elles soient adaptées aux différents daltonismes ;
  • Rendre l’ensemble du site accessible au clavier ;
  • Vérifier que l’on puisse zoomer à 200 % les textes sans que cela dégrade leur lisibilité ;
  • Choisir un hébergeur vert certifié ISO 50001 et 14001 comme Infomaniak.

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