- Laure Saincotille
- 25/06/2025
Les femmes ont une expérience du vieillissement différente de celle des hommes. Le concept de « genre » permet d’étudier cet écart. Que signifie « vieillir » lorsque l’on est une femme ? Comment changer les représentations pour en finir avec la stigmatisation des « vieilles » et quel rôle l’art peut-il jouer ?
Réponse avec Clothilde Palazzo-Crettol et Armelle Weil, autour de la présentation de « Vieilles (in)visibles » (Nouvelles questions féministes, n° 41, 2022) et en discussion avec Leila Graindorge et Blandine Delcroix.
Présentation de la revue Nouvelles Questions féministes et du numéro spécial « Vieilles (in)visibles »


Aux origines de la revue Nouvelles questions féministes
La revue Nouvelles Questions Féministes a vu le jour en 1981, suite à l’arrêt de la revue Questions Féministes. Elle a été créée par des militantes et universitaires féministes matérialistes (notamment Simone de Beauvoir, Christine Delphy, Claude Hennequin et Emmanuelle de Lesseps) qui souhaitaient proposer un espace de réflexion théorique et politique sur le patriarcat.
Étudier « le genre » ?
Aujourd’hui, le genre fait l’objet d’un vaste champ de recherche. Le terme de « genre » a été adopté dans le sillage des études sur les femmes afin de signifier que l’on étudie le fonctionnement systémique d’une société et non pas à des individus qui seraient, dans leur essence, des femmes ou des hommes. C’est une catégorie d’analyse regroupant des recherches de diverses disciplines — histoire, économie, géographie, sociologie, anthropologie — sur les conséquences sociales de l’appartenance à l’un ou l’autre sexe.
Définir le patriarcat ?
Le patriarcat est un concept porteur d’une dimension politique. Il désigne le système qui structure, de manière injustifiée, le monde social contemporain en différenciant les hommes et les femmes, et en subordonnant les femmes aux hommes. Le système patriarcal se fonde sur une idéologie politique qui précède l’ordre biologique (ce n’est pas la biologie qui ordonne le social), et qui bénéficie à un groupe social au détriment d’un autre — au travail, dans le fonctionnement politique, dans le couple, la sexualité, les loisirs, les rapports d’âge, etc.
Le matérialisme de Nouvelles Questions Féministes
Le matérialisme est une démarche qui consiste à analyser les conditions matérielles d’existence, c’est-à-dire la façon dont la subordination des femmes aux hommes est produite et reproduite, notamment par le travail gratuit. La revue s’interroge sur ce qui permettrait de se libérer de cette subordination.
Une revue scientifique et militante
La revue Nouvelles Questions Féministes s’attache à produire des connaissances sur tout ce qui touche à la vie des femmes, et plus généralement le quotidien de toutes les personnes oppressées par le système patriarcal ou d’autres systèmes d’oppressions. Les thématiques abordées sont étudiées de manière à la fois scientifique et politique. Des rubriques ont été créées pour rendre visible le militantisme — par exemple, la rubrique « Parcours » met en avant des personnalités remarquables, la rubrique « Collectifs » donne la parole à divers collectifs féministes de l’espace francophone.
Le fonctionnement de la revue
Nouvelles Questions Féministes est dotée d’un comité de rédaction de 25 personnes, rassemblant une équipe interdisciplinaire, intergénérationnelle et internationale. La conception de chaque numéro est collective, et prend environ deux ans. Le choix des thèmes est effectué en fonction des envies et des expertises de chacune, avec une attention portée à l’actualité. Un appel à proposition est publié, et les soumissions reçues en réponses sont discutées. Les articles sont évalués en double aveugle. Un accompagnement à l’écriture est proposé aux auteurs et autrices.
Un numéro spécial sur les vieilles
L’impulsion d’une équipe
La composition de l’équipe de NQF a été un des points de départ du lancement d’un numéro sur le vieillissement au féminin. Au sein du comité de rédaction de la revue, la chercheuse Farinaz Fassa travaillait sur le bénévolat des personnes âgées, tandis que Clothilde Palazzo-Crettol achevait une étude sur les couples âgés et le travail social, et débutait une recherche sur les 80 ans et plus résidant en montagne. La philosophe Vanina Mozziconacci s’intéressait quant à elle aux théories entourant la vieillesse.
Trouver des axes
Toutes trois ont fait appel à la sociologue Marion Repetti, spécialiste des questions de vieillissement et de pauvreté. Cette petite équipe au complet, elles ont d’abord dû choisir un nombre réduit de questions à traiter — tâche pour laquelle elles ont été assistées par le comité de rédaction. Les vieilles sont-elles des femmes comme les autres ? Sont-elles des transfuges de la classe des femmes ? Comment les rapports sociaux d’âge sont-ils producteurs de libertés ou de contraintes ?
Une grande diversité de contributions
Les articles reçus en réponse à l’appel à contribution viennent tout autant de la Suisse que des États-Unis, de Belgique ou de France. Certains ont été écrits par des scientifiques seuls, d’autres impliquent une diversité de voix — des doctorantes, des militantes, des praticiennes du travail social ou des soins infirmiers, etc. Quoi que toutes les questions envisagées lors de la conception de la revue n’aient pas pu être traitées dans ce numéro, des pistes de recherche stimulantes ont été ouvertes pour l’avenir du champ du vieillissement et du genre.
Invisibles
Une catégorie homogénéisée par la recherche
Comme dans la société dans son ensemble, la recherche scientifique tend à homogénéiser la catégorie « vieilles ». Pourtant, les problématiques auxquelles les femmes sont confrontées ne sont pas les mêmes à 60 ou à 90 ans. En outre, les représentations sociales invisibilisent le grand âge, ou le présentent essentiellement à travers le prisme repoussoir de la dépendance et de la maladie — alors même qu’en Europe, la grande majorité les personnes âgées vivant à domicile ne rencontrent pas ces problèmes.
Des enjeux méconnus
L’invisibilisation des vieilles s’observe aussi dans la façon dont certains aspects de leurs expériences de vie sont passés sous silence. Par exemple, les violences que subissent les femmes très âgées restent mal connues et commencent à peine à être évoquées : elles sont encore nombreuses — en France, en Belgique, en Italie ou en Espagne — à mourir sous les coups de leur conjoint. Le numéro spécial est le reflet de cette méconnaissance et ne comprend pas d’article sur ce sujet.
Le « syndrome de Mauricette »
Le « syndrome de Mauricette », proposé dans l’éditorial comme prisme de lecture, fait référence au « syndrome de la Schtroumpfette » : le seul personnage de la bande dessinée Les Schtroumpfs qui soit une femme est aussi une addition de stéréotypes féminins. Mauricette, première femme à avoir reçu le vaccin contre la Covid, a été montrée à la télévision française. Dans l’émission, hormis son prénom, rien n’est dit sur elle ou sur son opinion. Elle se trouve ainsi dans la position souvent imposée à celles qui sont sans pouvoir et sans voix.
L’injonction genrée au « bien vieillir »
Dans les médias, la vieillesse est la plupart du temps présentée comme négative et débilitante. On y insiste également sur la façon dont il convient de « bien vieillir », qui devient une puissante injonction sociale. L’article de Calasanti et King note que la lutte contre les signes de l’âge commence très tôt et impacte différemment les hommes et les femmes. Pour les femmes, il s’agit de « masquer les affres de l’âge », tandis que les hommes doivent lutter contre la perte de leur pouvoir d’action, montrer leur résistance à la fatigue.
Le tabou de la sexualité
La sexualité des femmes âgées est un sujet très rarement abordé. L’article issu de l’enquête de Braizaz, Toffel et Schweizer montre que les infirmières en charge des personnes âgées atteintes de cancer considèrent que les femmes âgées n’ont pas de sexualité, que puisqu’elles sont gravement malades, elles n’ont pas de désir. En revanche, elles prennent soin de rassurer les hommes âgés sur l’état de leurs fonctions érectiles.
Soin des personnes âgées : les difficultés des professionnelles
La plupart des personnes qui travaillent dans le secteur du care sont des femmes. Elles occupent des fonctions de soin qui leur sont socialement imposées et qu’elles ne désirent pas toujours exercer. L’article d’Anchisi relate les difficultés qui caractérisent ces emplois, notamment le dégoût que peuvent ressentir les soignantes face aux corps vieillis et malades des personnes dont elles doivent se soucier, assurer la dignité. Il s’agit d’un travail peu reconnu socialement, considéré comme du « sale boulot ».
Les obstacles de l’accès aux droits
L’article d’Hobeika présente les obstacles rencontrés par les veuves, qui peinent à accéder à la pension de réversion qui devrait leur revenir suite au décès de leur conjoint. L’État devient alors, dans l’application de ce mécanisme, complice des discriminations qu’elles subissent. Les personnes mandatées pour aider les veuves dans leurs démarches les renseignent mal, ou complexifient et rallongent les procédures. On découvre ainsi comment, du fait de la division genrée du travail, les femmes âgées sont laissées de côté et tombent dans la précarité.
Accepter l’aide à domicile
L’article de Burnay et Pierre montre que les inégalités sociales dans l’accès au care se manifestent notamment dans le recours aux aides à domicile lorsqu’une personne âgée devient dépendante. Les chercheuses soulignent qu’il est plus difficile pour les femmes d’accepter qu’une personne extérieure entre dans leur foyer et prenne en charge leur vie quotidienne. Les hommes âgés, déjà habitués à recevoir des soins par des femmes, vivent ce changement plus sereinement.

Genre et recherche participative
L’article de Buchter, Guinchard et Leroux évoque les difficultés de construire une recherche participative qui permette aux femmes de trouver leur place et d’y contribuer. Le dispositif qu’elles décrivent, bien qu’à l’origine conçu pour traiter la question du genre, a échoué à la maintenir au centre de l’attention et à inclure les femmes. Elles soulignent le fait qu’il est important, pour éviter cet écueil, de garder tout du long des recherches une pratique réflexive féministe.
Table ronde — Représenter les femmes et leur vieillissement
Quels stéréotypes — contemporains ou plus anciens — homogénéisent nos représentations des femmes âgées ? Comment représenter autrement le vieillissement des femmes, afin de les rendre plus visibles et de les faire sortir de la stigmatisation ? Quel rôle l’art peut-il jouer dans ce processus, notamment en lien avec les pratiques scientifiques ?
Autant de questions qui ont animé les échanges autour de « Vieilles (in)visibles ».

Leila Graindorge
Une faible représentation
Dans l’histoire de l’art comme dans les productions contemporaines, les femmes âgées sont peu représentées. L’Association des acteurs et actrices de France associés (AAFA) note qu’en 2023, seuls 9 % des rôles au cinéma ont été attribués à des femmes de plus de 50 ans. Elles constituent pourtant un quart de la population française majeure. En outre, ces rares rôles sont très stéréotypés : ils sont en grande majorité liés à la sphère privée et mettent en scène des mères, des grand-mères ou des « femmes de ».

Fridolin Leiber, Das Stufenalter der Frau, vers 1900.
Des stéréotypes à toutes les époques
À la Renaissance, les œuvres d’art représentent les femmes âgées sont mises en scène dans des cadres domestiques ou religieux : des femmes discrètes et au service des autres, reléguées au second plan, dans l’ombre de personnages plus jeunes. À travers les périodes historiques, les représentations de la « pyramide des âges » dépeignent négativement la vieillesse féminine, en vis-à-vis d’une jeunesse mise en valeur.

Quentin Metsys, Vieille femme grotesque, 1513.
Du grotesque à l’inquiétant
Les femmes sortant des normes sociales attendues sont représentées comme des figures abjectes, propres à susciter la peur. Leurs corps sont dépeints dans le registre du grotesque et de l’obscène afin de provoquer le rejet et la moquerie. C’est le cas des corps des femmes âgées.
Des nus pour lutter contre les stéréotypes
Dans son mémoire de master, elle a étudié la façon dont les artistes contemporains utilisent le nu pour interroger les représentations des femmes âgées — leur vie, leur vieillissement — et proposer de nouvelles représentations s’écartant et contestant les stéréotypes stigmatisants. Elle s’est notamment appuyée sur l’article de Rennes et Dumas paru dans la revue Nouvelles Questions Féministes, qui porte sur les représentations visuelles féministes du vieillissement des femmes.

© Hana Knizova pour Elle, novembre 2023.
Des femmes qui « vieillissent bien »
Certains créateurs d’images de mode prennent le parti de faire appel à des mannequins plus âgées, sans masquer certains marqueurs du vieillissement du corps, comme par exemple les cheveux gris.

© Bertrand Le Pluard pour Darjeeling, 2021.
Des femmes « banales »
D’autres proposent des campagnes de publicité pour de la lingerie en faisant poser des mannequins âgées aux corps plus banals (mais bien mis en valeur par le photographe), auxquels la plupart des femmes pourraient s’identifier. Cependant, ces représentations restent dans une forme d’injonction au « bien vieillir ».

© Erwin Olaf, Matures, 1999.
Ridiculiser les normes
Le photographe Erwin Olaf, pour sa part, dans sa série Matures, joue avec les codes de l’érotisme pour interroger le rapport des spectateurs au désir. Il fait poser des femmes âgées de la même manière que les jeunes modèles. Cette démarche reste ambigüe : elle met ces femmes dans des positions ridicules, et si ces images nous semblent étranges, c’est seulement parce que l’âge des modèles n’est pas celui auquel nous nous attendons. Les codes de la sensualité et de l’érotisme, eux, ne sont pas remis en cause.

© Arianne Clément, L’art de vieillir et L’art de vieillir queer (extraits), 2016 ; 2023.
Représenter la vie amoureuse
Ariane Clément fait le choix de représenter l’amour chez les personnes âgées : ce ne sont pas seulement les femmes qui sont représentées, mais les couples qui sont nus, s’enlacent et s’embrassent. Le spectateur n’est pas invité à se demander s’il trouve que ces corps sont beaux ou s’il les trouve désirables. Il est simplement question de montrer que ces personnes ont une sexualité.

© Arianne Clément, [Sans titre], date inconnue.
Un lien intergénérationnel
Ariane Clément propose également de montrer le lien entre les générations de femmes sans que cela repose sur l’idée de « pyramide des âges », de hiérarchie et d’opposition. Elle fait poser nues dans un champ les femmes d’une même famille, et chacune a sa place.


© Niki Berg, Mother and me at ages 40 and 60 et Mother and me at ages 60 and 80, 1982-2002, issues de la série Générations.
Vieillir ensemble
La photographe Niki Berg s’est aussi intéressée aux relations intergénérationnelles et à la matrilinéarité. Elle a notamment créé un diptyque où elle se représente avec sa mère, 20 ans séparant la première photographie de la seconde. On peut y observer leur vieillissement conjoint, et constater la diversité des âges de la vieillesse — qui ne peut alors plus être comprise comme une catégorie monolithique.

Blandine Delcroix
Fixer une image
Le film Vivre, c’est vieillir est le fruit de quinze ans de travail. Blandine Delcroix entame sa démarche sans but précis. Très proche de sa mère, Gisèle, elle souhaitait en premier lieu garder des traces de sa vie comme on peut composer un album de photographies de famille. Elle souhaitait « fixer son image », et non pas filmer le vieillissement — lorsqu’elle tourne les premiers rushs, sa mère a 70 ans et est une femme très active, drôle, issue d’un milieu social relativement modeste.
Parler du vieillissement
La thématique du vieillissement et l’idée d’y consacrer un film commencent à émerger lorsque Gisèle fait une chute, à plus de 80 ans. La réalisatrice passe alors devant la caméra, puisque son aide est désormais nécessaire.
Sa mère, elle, semble avoir compris bien avant qu’un film était en train de se faire : elle adopte, en fonction des situations, des attitudes et des registres de discours différents.
Montrer un processus
Blandine Delcroix fait un constat : de nombreux films posent la question du vieillissement en l’abordant comme un état figé, et représentent des personnes âgées déjà très vulnérables.
Pour elle, il s’agissait au contraire de filmer un processus. Ce processus la concerne aussi, puisqu’elle se filme également vieillir, passant de 34 à 50 ans.
L’expérience de l’EHPAD
« Je me sens comme une femme esseulée […] Et je me sens plus que seule », explique Gisèle dans l’une des séquences du film, lors d’une conversation téléphonique, alors qu’elle vit désormais dans un EHPAD. La réalisatrice explique qu’elle a souhaité montrer la question du choix — ou plutôt, la plupart du temps, de l’absence de choix des personnes âgées lorsqu’elles vont vivre dans un établissement.
Vieillir dans le veuvage
L’époux de Gisèle décède lorsqu’elle a 54 ans. Suite à cette perte brutale, elle continue à travailler et ne touche qu’une petite retraite, un peu au-dessus du minimum vieillesse, principalement constituée de la pension de réversion pour laquelle son mari avait pris soin de cotiser. Comme beaucoup de femmes, elle a en effet travaillé tout en élevant ses trois enfants, la plupart du temps en exerçant des emplois non déclarés.
Un film pour changer les regards
La réalisatrice s’attache à présent à diffuser son film dans différents milieux professionnels — auprès des spécialistes du soin, mais aussi plus largement dans les entreprises. Il s’agit pour elle, grâce à cet objet sensible, de faire changer les regards sur le vieillissement, et plus généralement sur l’accompagnement des personnes vulnérables. Il interpelle notamment sur les conditions de travail des proches aidants et sur le rôle que peuvent jouer les entreprises à l’égard de ces enjeux.
Visibiliser ?
Représenter sans homogénéiser
Pour Armelle Weil, si les femmes âgées deviennent invisibles, c’est parce qu’on les efface de nos représentations. Pour lutter contre ce processus, il faut inverser ce mouvement et les montrer toujours davantage — dans leurs relations avec diverses classes d’âges et dans une diversité de situations. Cela permettrait de sortir de l’effet d’homogénéisation et de catégorisation réductrice qui produit des interdits et des obligations, agit comme une force répressive empêchant les individus de mener des vies dignes.
La beauté du vieillissement
Blandine Delcroix, dans son film, s’est penchée sur l’esthétique du vieillissement des femmes et de leur corps, et a questionné la beauté à travers ce prisme. Elle a cherché à montrer la beauté au plus près des situations de vulnérabilité, sans pour autant montrer Gisèle dans des situations de perte totale d’autonomie — dont elle n’aurait pas vu l’intérêt.


© Clélia Rochat « Clélia Odette », Belles mômes, 2019-2024.
L’usage des séries et de la répétition
Leila Graindorge note que certaines artistes s’engagent dans des projets visant à montrer une grande diversité de femmes et de corps qui ne sont d’ordinaire pas mis en avant. Clélia Odette, notamment, propose sa série Belles mômes, qui est devenue très populaire sur Instagram. Elle publie très régulièrement de nouveaux portraits de femmes âgées nues et contribue ainsi à faire changer les représentations.
L’enjeu de la diffusion
La photographe a également remarqué, en cherchant des représentations de femmes âgées, que de nombreuses images sont produites, existent déjà. Cependant, elles sont peu ou mal diffusées. Il faut donc aussi s’intéresser aux méthodes qui permettraient à ces représentations d’être davantage montrées et vues par un large public.
Sciences et arts
Vers de nouvelles représentations
Clothilde Palazzo-Crettol rapporte que de collectifs de personnes âgées investissent les arts de la scène pour représenter leur condition de « vieux » — et s’en moquer avec la complicité du public. Des initiatives artistiques sont aussi élaborées par les scientifiques. C’est notamment ce qu’elle essaie de faire avec Armelle Weil, qui porte avec elle un projet de bande dessinée autour de la vie des personnes âgées vieillissant à la montagne, qui ont fait l’objet de leur récente enquête.
Réhumaniser les savoirs
Blandine Delcroix comprend son film (et l’art en général) comme un autre type de savoir, un savoir produit différemment. Elle le conçoit comme une façon de réhumaniser les pratiques et les savoirs par le biais du sensible et en donnant la parole aux premiers concernés, à celles et ceux qui vivent le vieillissement. Elle insiste sur la nécessité de développer des pratiques communes, d’échanger les savoirs — dans les laboratoires de recherche où elle a pu également faire projeter son film, mais aussi dans les milieux professionnels.
Atteindre par l’émotion
La réalisatrice a pu constater, lors des projections-rencontres, que des universitaires et des professionnels qui travaillent depuis longtemps sur la question du vieillissement sont très émus en voyant son film. Ils sont touchés de manière personnelle par un savoir transmis autrement que par les discours habituels. Avec la perspective d’un travail commun, c’est ce qui permettrait de faire changer les représentations du vieillissement.

Coconstruire des projets artistiques
Leila Graindorge note que l’exposition australienne Flesh after fifty a été coproduite par une commissaire d’exposition et une médecin spécialiste en obstétrique, qui ont rassemblé une diversité de productions artistiques autour du corps vieillissant. Sa représentation a été abordée comme un enjeu de santé publique et un enjeu politique, portés par des acteurs issus de différents milieux, et des artistes.
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