Annoncé le 11 février 2020 par le président de la République Emmanuel Macron à l’occasion de la 5ème Conférence nationale du handicap, le PPR Autonomie partage à l’occasion de la 6ème édition de cette conférence qui se tiendra le 26 avril prochain quelques pistes susceptibles de poursuivre les efforts de structuration du champ de recherche français relatif aux enjeux liés aux situations de handicap.
Lever les freins au développement de la recherche participative, l’un des quatre enjeux identifiés
Riche de ces trois premières années de travail et des discussions avec l’ensemble des acteurs en charge du financement et de l’animation de la recherche, le PPR Autonomie a recensé des premières pistes d’actions jugées prioritaires afin de poursuivre les efforts de structuration du champ de recherche français relatif aux enjeux liés aux situations de handicap.
Un premier enjeu consiste à lever les freins à la participation effective des personnes concernées à la conduite des projets de recherche, et ainsi promouvoir les pratiques de recherche participative. Plus précisément, le besoin est identifié :
- De lever les contraintes de financement pesant sur les acteurs non académiques dans les appels à projets financés par des fonds publics ;
- De former les acteurs non académiques pour les préparer à s’impliquer dans des projets de recherche participative ;
- D’assurer l’accès à l’information (au sens large) dans le cadre de la conduite d’un projet de recherche (volet accessibilité) ;
- De mettre en place un dispositif d’interface participatif faisant le lien entre la « demande sociale de recherche » et la communauté scientifique susceptible d’y apporter réponses et éclairages inspiré du modèle de la « boutique des sciences ».
Pérenniser les ressources des acteurs en charge du financement et de l’animation de la recherche pour garantir l’existence d’une interface entre les chercheurs et la société civile est le second enjeu identifié. Cela suppose à la fois d’assurer les budgets de fonctionnement de ces acteurs pour la conduite de leurs actions singulières en lien avec leurs missions, mais également de mutualiser des postes au sein d’une structure de coordination pour des activités à caractère transversal dont la charge ne peut être assurée individuellement par un seul de ces acteurs.
L’enjeu de la place de la recherche dans le système statistique national d’observation des enjeux liés aux situations de handicap pour éclairer le débat public et l’action publique doit également être traité. D’importantes ressources sont mobilisées pour la production de nouvelles données et il s’agirait, en parallèle, de flécher des moyens financiers pour soutenir des recherches interdisciplinaires mêlant les approches quantitatives (exploitation des données) et qualitatives (approfondissement des sujets par post-enquêtes).
Enfin, la recherche française s’est structurée ces dernières années au travers d’appels à projets qui ont permis d’amener de nombreux chercheurs en début de carrière (doctorants et post-doctorants) à travailler sur ces thématiques. L’enjeu est désormais celui des débouchés académiques offerts à ces chercheurs en début de carrière. Il s’agirait ainsi de pouvoir programmer sur le moyen-long terme l’ouverture de postes de chercheurs pour que l’effet structurant s’inscrive dans le temps long.
Retour sur les trois premières années de mise en œuvre du programme
Suite à l’annonce du Président de la République le 11 février 2020, la première étape a consisté en l’élaboration de la feuille de route. Celle-ci a permis de préciser le positionnement scientifique d’un tel programme au regard d’un état des lieux de l’existant. Il en est ressorti le besoin de mobiliser selon un spectre large les équipes de toutes disciplines choisissant de mener des recherches interdisciplinaires ayant pour objet ou pour finalité explicites l’autonomie dans le champ du handicap et du grand âge, de manière centrale et non incidente, visant la production de connaissances transversales susceptibles d’éclairer le débat public.
Sur la base de cette feuille de route, le Conseil scientifique a pu avancer sur la préparation et le lancement des opérations de financement (un appel à projets en 2021 et un en 2022) organisée autour de cadre défis scientifiques :
- Défi 1 : définir l’autonomie et les modalités de sa compréhension et de sa mesure ;
- Défi 2 : étudier la conception des politiques publiques en matière d’autonomie à l’échelle nationale et internationale ;
- Défi 3 : interroger les situations et expériences d’autonomisation et de réduction de l’autonomie;
- Défi 4 : étudier la conception, la réception et les usages des dispositifs et expérimentations innovants.
A partir de 2023, et avec le soutien d’une équipe projet dédiée, des actions d’animation vont se déployer avec notamment l’objectif de faire connaître les résultats de la recherche sur l’autonomie à un public diversifié, allant des chercheurs aux acteurs publics, aux élus, en passant par les personnes concernées, et ainsi nourrir le débat public, ceci en mobilisant les outils de la médiation scientifique.