Soucieuse d’interroger la pertinence du dispositif de préparation de l’appel à projets sur les défis 3 et 4 du programme, l’équipe projet du PPR Autonomie a échangé avec des personnes ayant pris part à ce dispositif. L’objectif ? Avoir leur avis et pouvoir le partager largement sous forme d’un retour d’expérience. Découvrez sans attendre ce qu’ils nous ont partagé !
Du positif : un exercice de transparence et une longue séquence de mise au travail salués
L’appel à manifestation d’intérêt publié en février 2022 (non sélectif) et les ateliers qui ont suivi au printemps (ouverts), en ce qu’ils ont permis une première mobilisation collective de partenaires intéressés à se mobiliser dans le cadre du futur appel, mais également de partager les orientations politiques et scientifiques du programme, ont été jugés positifs.
En effet, ce fut l’occasion d’une première appropriation des attentes du Conseil scientifique vis-à-vis des communautés – sur la pluridisciplinarité et le travail attendu autour du concept d’autonomie par exemple – et ses invitations à élargir le périmètre des consortiums – en s’ouvrant aux parties prenantes et aux réseaux académiques internationaux.
Ces travaux préparatoires ont également permis aux propositions de gagner en qualité (notamment au regard de ce qui a été proposé dans la lettre d’intention) par la maturation des réflexions qu’ils ont facilitées et le travail bien en amont autour des principaux attendus. En effet, les discussions répétées entre les différents partenaires aident à faire converger et rendre cohérentes les propositions de chacun autour d’un objet, d’une question de recherche.
Ce fut également l’occasion de se familiariser avec cet outil de financement particulier qu’est un programme prioritaire de recherche et ce qu’il suppose en termes de durée et de taille des projets, de modalités de dépôt et de sélection, etc.
Des marges de progression identifiées
Ces travaux préparatoires ont été déployés avec l’ambition d’interroger la capacité de cette séquence à faire émerger des collaborations inédites et non pas uniquement de renforcer des relations de travail existantes.
À cet égard, la plupart des personnes interrogées ont partagé la difficulté à s’engager sur de réels partenariats avec des personnes avec lesquelles elles n’ont pas de relation de travail antérieure. Comment créer des relations entre des chercheurs (ou des communautés) qui ont des logiques de travail, d’organisation, etc. en partie concurrentielles ? La question reste ouverte.
De plus, l’organisation des ateliers en visio a certes permis la participation d’acteurs qui sans doute n’auraient pas été aussi présents (pour rappel, pas moins de 150 personnes étaient présentes au premier atelier), mais un passage en présentiel à un moment est jugé nécessaire pour engager des collaborations. En effet, la visio a ce désavantage de placer les participants dans une position d’auditeurs passifs avec des interactions difficiles, voire impossibles, si ce n’est avec les organisateurs. C’est également un mode de participation qui a parfois été jugé chronophage au regard des bénéfices à en tirer en termes de consolidation de son réseau.
La difficulté à faire converger les objectifs généraux de ces travaux préparatoires avec les attentes et les objectifs particuliers des participants a également été soulevée, d’autant plus que les réponses à l’AMI se caractérisent par une grande diversité : thématique, disciplinaire, nature des partenariats envisagés, maturité du projet, etc. Ainsi, la séquence d’information sur le programme a plutôt bien fonctionné, tout comme celle du retour d’expérience des lauréats du premier appel sur la partie montage de projet. Les autres ont laissé chez certains une impression de ne pas avoir appris grand-chose, les sujets étant survolés (de leur point de vue) et le contenu pas forcément adapté à leur cas particulier.
Enfin, certains chercheurs issus de disciplines hors sciences humaines et sociales (sciences de l’ingénieur, informatique, etc.), dont la participation à l’appel est souhaitée, ont fait part du sentiment de ne pas s’être sentis à leur place. Ils ont ressenti une obligation informelle à ce que les projets soient portés par les SHS, alors que les attendus sont plutôt du côté d’un soutien à des démarches interdisciplinaires associant sciences humaines et sociales et sciences de l’ingénieur, informatique, etc. Ce message aurait ainsi mérité d’être mieux travaillé.
Et si on recommençait ? Quelques pistes d’actions
Certains participants ont d’abord suggéré le déploiement d’un dispositif de type hackathon suite à la publication d’un AMI. Les répondants s’engageraient à présenter en trois à cinq minutes leur projet devant une audience mixte (chercheurs ayant ou non répondu à l’AMI et parties prenantes du champ), l’objectif étant d’aider les projets à maturer par le dialogue collectif. Ce type de format serait à organiser en présentiel, dans un lieu adapté à ce type d’exercice (convivial), avec toutefois la possibilité de participer à distance. Il suppose également que les acteurs jouent le jeu d’une démarche collaborative.
Il semble également pertinent, pour favoriser les rapprochements, de penser en amont de la publication d’un AMI le partage de tout ou partie des lettres d’intention reçues pour permettre aux équipes de penser leur proposition y compris à l’attention du reste de la communauté, en lui adressant par exemple des besoins de collaboration non couverts.
Une invitation à penser autrement la séquence d’animation autour du lancement d’un appel a également été adressée. Une chronologie alternative pourrait être de lancer un AMI avec l’objectif de compléter, approfondir ou déplacer les questions et thématiques de recherche au regard des propositions, suivi du lancement de l’appel à projets avec une période de dépôt longue (minimum 6 mois) durant laquelle seraient organisées des actions d’animation (notamment au début) visant à accompagner les déposants sur le double volet scientifique et pratique. Ainsi, il s’agirait d’intégrer à la phase de dépôt des actions d’animation, permettant à tous et à chacun d’y piocher selon ses besoins en lien avec les attentes de l’appel, qui seraient connues.
Une autre piste pourrait consister à recourir à la formule d’un AMI sélectif, avec la mise en place d’un jury ad hoc, débouchant sur des séances de coconstruction des projets avec ses membres, sous la forme d’un tutorat. Cette formule ne pouvait cependant pas s’appliquer dans le cadre du PPR Autonomie compte tenu des procédures retenues par l’ANR dans le cadre des plans d’investissement d’avenir.