Le 1er avril dernier, le PPR Autonomie a réuni au Campus Condorcet à Aubervilliers, et en visio, son Conseil consultatif. Sa composition et son mandat ont été renouvelés pour accompagner la seconde phase du programme tournée vers l’objectif général commun à tous les programmes nationaux de recherche financés dans le cadre de France 2030 : l’impact social. Retour sur cette matinée d’échanges.

Un collectif de personnalités qualifiées prêt à s’engager pour renforcer les liens sciences-société
Outre ses opérations de financement qui doivent déboucher sur la production de nouvelles connaissances scientifiques dans le cadre de 11 projets de recherche, le PPR Autonomie déploient des actions d’animation qui visent notamment à renforcer les liens entre les acteurs académiques et les parties prenantes du champ de l’autonomie, dans toute leur diversité.
Pour réfléchir, construire et déployer sa feuille de route science-société, le PPR Autonomie a souhaité renforcer sa gouvernance d’un Conseil consultatif au mandat et à la composition renouvelés.
Son rôle ? Formuler des conseils, des avis et des recommandations sur les actions visant le soutien des liens sciences-société déployées dans le cadre du programme et, le cas échéant, participer à la mise en œuvre et à la promotion de ces actions.
Composé d’une trentaine de personnalités qualifiées (action publique – tout niveau -, experts du dialogue science-société, acteurs de la formation, gestionnaires d’ESMS, presse spécialisée, représentants des personnes handicapées, des personnes âgées, des aidants, des professionnels du secteur médico-social, etc.), les membres du Conseil consultatif ont été invités à participer à ses travaux sur la base de leurs expériences, de leurs connaissances du secteur, de leurs compétences et expertises. Surtout, ils partagent le constat du difficile dialogue entre sciences et société sur le terrain, et sont prêts à s’engager pour le rendre effectif.
La composition du Conseil pourra s’enrichir au fil de l’eau. L’enjeu de la représentation directe des personnes concernées a d’ores et déjà été soulevée par les membres lors de cette première réunion. Elle reste à adresser dans un contexte où les sollicitations de rejoindre l’instance n’ont pas abouti (sur-sollicitation des personnes, manque de temps, modalité de participation sur la base du bénévolat non adaptée, etc.) et ou l’enjeu n’est pas de reproduire la composition d’instances représentatives existantes.
Quel est l’état actuel des liens sciences-société sur la thématique de l’autonomie aujourd’hui en France ?
Si l’on considère les liens sciences-société comme toutes les formes d’interactions possibles, directes ou indirectes, entre des espaces scientifiques et des espaces sociétaux, de la définition des besoins de recherche à l’utilisation et à la mobilisation des connaissances, la première séquence de travail de la matinée a été consacrée à un échange autour de la question suivante : quel est l’état actuel des liens sciences-société sur la thématique de l’autonomie aujourd’hui en France ?
La discussion a d’abord permis de rappeler que les liens entre la recherche et la société ne sont ni naturels, ni systématiques et ne peuvent émerger d’eux-mêmes. Ils supposent un investissement financier et humain, encore dérisoire aujourd’hui : trop peu de personnes sont formés à cet exercice et les initiatives existantes reposent essentiellement sur des volontés individuelles, de sorte que cet enjeu reste un impensé pour beaucoup d’acteurs, que ce soit du côté de la recherche, ou du côté des parties prenantes du champ de l’autonomie.
Par ailleurs, l’enjeu dépasse largement celui de la pédagogie de la science. Il ne s’agit pas seulement de se donner les moyens d’une bonne compréhension des résultats scientifiques ; il faut créer un espace de rencontre entre des questions qui se formulent spontanément dans la société, et des connaissances scientifiques existantes, en cours de production ou à produire. Aujourd’hui, ce type d’espace n’existe pas.
Par ailleurs, s’agissant de l’autonomie, ce sont des dépenses publiques très fortement socialisées. Dès lors, il y a un lien naturel avec la société, qui finance ces dépenses : conduire un débat démocratique sur ces sujets suppose des données scientifiques établies et mises en partage.
Enfin, l’un des facteurs de réussite identifié lors des échanges sera la capacité à identifier de part et d’autres des personnes susceptibles d’être à l’interface de la recherche et de la société.
Caractériser les pratiques actuelles relatives aux liens sciences-société
La discussion, qui s’est poursuivie en ateliers, a permis de caractériser et de discuter les pratiques actuelles relatives au liens sciences sociétés des personnes présentes, ceci dans leurs différents contextes d’intervention. A noter que ces initiatives traduisent une volonté forte des personnes présentes d’investir les liens sciences-société, qui reste néanmoins fragile, et soumise aux aléas du temps disponible, des opportunités identifiées, des moyens alloués, etc.
Petits panorama de pratiques actuelles de dialogue avec la recherche :
Mobilisation des personnels en formation initiale ou continue accueillies dans des structures (alternants, stagiaires, etc. en charge d’une activité de veille, de revue de littérature ou autre), ou la modalité des thèses CIFRE ;
Développement d’une action de soutien à la recherche, en direct ou au travers de partenariats avec des opérateurs ayant l’expertise, pour financer ou animer la recherche ;
Mobilisation de l’expertise scientifique (lecture notamment) dans le cadre de l’élaboration des actions de plaidoyer, des projets associatifs, etc. ;
Recours aux résultats de la recherche diffusés dans des formats accessibles (podcast, vidéo, article de vulgarisation, etc.) dans le cadre de la formation des futurs professionnels du secteur ;
Participation directe à la recherche (pour un établissement, un service, ou toute autre structure) – en tant que terrain de recherche, en siégeant au comité de pilotage, etc. ;
Information sur l’actualité de la recherche au travers de relais – la presse spécialisée notamment – ou dans le cadre des nombreux évènements organisés tout au long de l’année par les acteurs du secteur – journées professionnelles, journées d’études, etc.
Focus : les enjeux du dialogue entre la recherche et la décision publique
Les discussions ont permis de relever que la question du format n’est pas forcément celle à adresser en priorité si l’objectif est de soutenir le dialogue recherche – décision publique. La question centrale est d’abord celle du public, puis du contenu, qui suppose tout un travail de transformation des résultats de la recherche, de digestion, d’appropriation, de sélection, d’adaptation, etc. à la cible. Ensuite vient la question de la temporalité : il faut que l’accès aux productions issues de la recherche et à ses acteurs soit concomitant de la prise de décision publique. En résumé, il faut s’assurer d’une bonne compréhension du contexte de la prise de décision et de ces acteurs pour cibler le contenu et le mode de communication et d’action.
Par ailleurs, mettre à disposition des ressources n’est pas suffisant pour que celles-ci soient appropriées ; investir les espaces où sont présents les acteurs de la décision publique ou partager des moments informels s’avèrent souvent beaucoup plus efficace pour passer quelques messages.
Aussi, les politiques publiques de l’autonomie se réfléchissent, se construisent et se déploient dans de nombreux espaces, très différents, et les interactions à construire avec les acteurs qui y évoluent ne sont pas les mêmes. A cet égard, des espaces peuvent être prioritaires à investir parce qu’ils sont déjà identifiés comme des interfaces, comme ayant des liens établis avec des acteurs cibles. Pour autant, il ne faut pas non plus négliger un travail au niveau des individus qui peuvent circuler dans différents espaces et dont l’action peut être plus efficace au moment d’adresser des messages au regard de leur position.
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