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Découvrez la nouvelle direction du PPR Autonomie

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A compter du 1er décembre 2024, Vincent Caradec, professeur de sociologie à l’Université de Lille, et Gildas Brégain, historien, chargé de recherche au CNRS, prennent la direction du PPR Autonomie, en tant que directeur et directeur adjoint. Ils succèdent à Cécile-Bourreau Dubois qui assurait cette fonction depuis le 1er septembre 2023. Dans cet entretien, ils reviennent sur les grandes étapes qui ont marqué cette dernière année et les chantiers à venir pour la nouvelle direction.

Photographies de Vincent Caradec et de Gildas Brégain.

Photo de Gildas Brégain : @Jean-Claude Moschetti/CNRS Photothèque

PPR Autonomie – Cécile Bourreau-Dubois vous avez dirigé le PPR Autonomie entre septembre 2023 et décembre 2024. Cette période a vu se renforcer le volet animation du programme, avec le lancement de nombreuses actions, tournées tant vers la communauté de recherche financée, que la société. Pouvez-vous nous en présenter quelques-unes, ainsi que leurs enjeux ?

Cécile Bourreau-DuboisMon arrivée à la Direction du PPR à l’automne 2023 a correspondu avec l’annonce des lauréats du 2ème appel à projets. 7 nouveaux consortia ont rejoint le programme, portant à 11 le nombre total de projets financés par le PPR. Celui-ci rassemble ainsi désormais une communauté de recherche forte de plus de 350 chercheurs et chercheuses, dont les projets sont caractérisés par leur grande diversité, tant dans leurs thématiques, leurs objets et leurs approches scientifiques.

L’une des premières actions à destination de ces projets a été la mise en place d’un séminaire de recherche intitulé « Autonomie(s), indépendance et dépendances ». L’ambition de ce séminaire co-porté par les équipes du PPR Autonomie, de la Fédération pour la recherche sur le handicap et l’autonomie (Fedrha) et le l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement (ILVV) est d’accompagner la réflexion des projets et d’être un espace de dialogue privilégié rassemblant bien au-delà des membres des projets du programme. En discutant la diversité des définitions et des usages du concept d’autonomie, tant théorique que pratique, ce séminaire se conçoit comme un lieu d’ouverture, d’échange et de cumulation de savoir sur une notion clé de la vie sociale contemporaine. Nous nous réjouissons que ce séminaire se poursuive sur la période 2024-2025 avec un nouveau cycle de conférences.

Une seconde action structurante a été également menée au cours de l’année 2024 avec l’organisation des premières journées annuelles qui se sont tenues en octobre dernier. Celles-ci se sont déroulées en deux temps. D’abord un colloque ouvert aux acteurs du secteur du grand âge et du handicap dans leur diversité (professionnels, représentants des usagers, décideurs publics, etc.) pour penser l’avenir de ce secteur face aux défis actuels. Puis des journées d’ateliers réservés aux membres des projets financés pour renforcer l’émergence d’une communauté de recherche, consciente des apports respectifs et des complémentarités de chaque projet, pour favoriser les synergies entre cette communauté émergente et les communautés scientifiques européennes spécialistes des enjeux d’autonomie, en somme à créer un « effet programme ».

Au-delà de ces actions menées avec et pour les projets financés, il faut aussi mentionner d’autres types d’actions qui ont été mises en place au cours de l’année 2024 par l’équipe d’animation scientifique du PPR. Celles-ci visent à favoriser la diffusion des résultats de la recherche française et internationale sur l’autonomie à un public diversifié, allant des chercheurs aux acteurs publics, aux élus, en passant par les personnes concernées, et ainsi nourrir le débat public par la diffusion d’une culture scientifique, ceci en mobilisant les outils de la médiation scientifique et de la communication. Le PPR a lancé notamment à l’automne 2024 des émissions live sur YouTube autour de l’actualité de la recherche où chercheuses et chercheurs sont invités à présenter les grands résultats issus d’une publication récente, et de les discuter avec des acteurs de la société civile concernés.

PPR Autonomie – Vincent Caradec, vous êtes sociologue, professeur à l’Université de Lille, et membre du Conseil scientifique du programme depuis son lancement à l’automne 2020. Vous avez donc suivi ses principales réalisations depuis près de quatre année maintenant. Qu’est-ce-qui vous a intéressé à prendre ces nouvelles fonctions ?

Vincent Caradec – En effet j’ai rejoint à l’invitation de Claude Martin le Conseil scientifique du programme dès ses débuts en septembre 2020. Notre rôle a consisté à définir les quatre thématiques scientifiques structurant le PPR, puis à écrire les deux textes qui ont constitué les trames à partir desquelles l’ANR a lancé ses appels à projets. De cette période, je retiendrai plusieurs choses : la richesse des échanges, du fait de la pluralité des points de vue exprimés, qu’il a fallu concilier avec la nécessité de nous accorder rapidement sur une feuille de route commune ; le dialogue qui a commencé à s’instaurer entre chercheurs travaillant sur le handicap et spécialistes du vieillissement ; l’intérêt que ce programme a suscité dans la communauté académique en sciences humaines et sociales, mais aussi au-delà.

C’est dans la continuité de cet engagement que j’ai accepté de prendre la direction du PPR Autonomie. Je pense que ce programme, du fait de son ampleur et de l’importance des sommes engagées, constitue une opportunité pour les chercheurs en sciences humaines et sociales qui s’intéressent aux questions d’autonomie des personnes en situation de handicap ou vieillissantes. Le nombre de chercheures et chercheurs impliqués dans les projets (plus de 350) en atteste. Aussi avons-nous une responsabilité collective à ce que le PPR réussisse.

C’est pour prendre ma part de cette responsabilité collective que j’ai accepté, en tant que chercheur « senior », ayant un certain nombre d’années d’expérience dans le monde de la recherche, de prendre la direction du programme. C’est aussi pour moi l’occasion d’engager un chantier de travail stimulant pendant les dernières années de ma carrière professionnelle. J’ajoute qu’un événement a joué dans ma décision d’accepter : ma participation, en tant que membre du Conseil scientifique, aux rencontres entre équipes des 10 et 11 octobre 2024. Les discussions ont été passionnantes et j’ai eu le sentiment qu’il se passait quelque chose, qu’une dynamique était en train de prendre – et je me suis dit qu’il valait la peine que j’y apporte ma pierre.

PPR Autonomie – Gildas Brégain, vous êtes historien, chargé de recherche au CNRS, et membre du projet KAPPA, financé dans le cadre du programme. Pouvez-vous également revenir sur les raisons qui vous ont conduit à rejoindre la direction du programme ?

Gildas Brégain – Je participe effectivement au projet KAPPA, où j’essaye de cerner la construction historique des politiques du handicap et de la vieillesse en Europe entre les années 1950 et les années 1980, et de comparer les trajectoires nationales des politiques menées en France et en Espagne.

Cette nouvelle responsabilité au sein du PPR m’a paru une très belle opportunité pour m’ouvrir encore davantage vers l’international, cerner plus finement les enjeux qui traversent le champ de l’autonomie à différentes échelles géographiques, et promouvoir les résultats des recherches actuelles vers la société civile et les sphères administratives et politiques.

PPR Autonomie – Comme l’a exposé plus tôt Cécile Bourreau-Dubois, cette dernière année a été l’occasion de lancer de nouvelles actions d’animation, mais beaucoup de choses restent à faire. Quels sont les grands chantiers que vous souhaiteriez investir en lien avec l’objectif d’impact social du programme ?

Vincent Caradec – Grâce au travail de Cécile Bourreau-Dubois et de l’équipe d’animation scientifique, bien des choses sont maintenant sur les rails, qu’il revient à la nouvelle équipe de direction de faire vivre et de faire évoluer, en lien avec tous les acteurs du programme. D’autres restent à mette en place ou sont à inventer. Parmi les choses à mettre en place, il y a notamment l’installation d’un nouveau Conseil consultatif, constitué de personnalités impliquées dans les questions d’autonomie, qui sont à l’interface de la recherche et des préoccupation sociétales et pourront à la fois porter ces préoccupations auprès du PPR et nous aider dans la diffusion des résultats des recherches.

Parmi les choses à inventer, ou du moins que nous aimerions promouvoir, Gildas Brégain et moi-même, il y a tout d’abord des actions orientées vers les jeunes chercheurs (post-doctorants, doctorants, masterants), qui sont nombreux dans le programme et dont nous voudrions mieux cerner les besoins – variables selon les projets dans lesquels ils sont impliqués – afin d’essayer d’y répondre. Certains seront les chercheurs de demain, d’autres travailleront sur des postes d’accompagnement de la recherche, d’autres encore sur des postes plus opérationnels. Nous avons vis-à-vis d’eux une responsabilité particulière pour faire en sorte qu’ils trouvent pleinement leur place dans le PPR, mais aussi pour les aider à préparer leur insertion professionnelle. Et je pense que c’est aussi à travers les échanges entre jeunes chercheurs des différents projets, qui sont engagés sur des terrains variés, qui se posent des questions méthodologiques parfois communes, que se construira l’effet programme.

A côte de cette attention portée aux jeunes chercheurs, un autre aspect qu’il me semble important de promouvoir est le décloisonnement. J’aimerais que ce programme permette d’avancer non seulement dans le décloisonnement entre disciplines, dont nous avons besoin en France où les cloisonnements disciplinaires sont très marqués, mais aussi dans le décloisonnement des champs de recherche (il faut que les travaux sur les personnes âgées et sur les personnes en situation de handicap dialoguent davantage entre eux – et le PPR constitue un espace de choix pour cela !) ainsi que le décloisonnement entre les différentes parties prenantes de la recherche (chercheurs académiques professionnels, personnes concernées – ce qu’on appelle la recherche participative), qui constitue une préoccupation de plusieurs des projets lauréats et qui est une manière de créer des liens plus étroits entre science et société.

Gildas Brégain – Pour compléter la réponse de Vincent, j’aimerais notamment que le PPR organise, en collaboration avec les programmes et les associations qui le souhaitent, des journées d’études thématiques ou des colloques sur certains sujets spécifiques, comme la question de l’autonomie des femmes âgées ou handicapées ; les comparaisons internationales des politiques publiques de l’autonomie ; l’expérience de l’agisme et du capacitisme dans les institutions et à domicile.

PPR Autonomie – Cécile Bourreau-Dubois, vous avez le mot de la fin. Peut-être un bilan général sur l’année écoulée ? Un conseil pour la nouvelle direction qui s’installe ?

Cécile Bourreau-Dubois –  L’année qui vient de s’écouler a été, à mon sens, une année importante en ce sens qu’elle a permis la mise sur orbite du « satellite » PPR Autonomie. L’ensemble des consortia ont à présent passé le cap difficile de la mise en route de projets de grande envergure en termes de budgets, de gouvernance et de nombre de parties prenantes mobilisées. Les actions menées ou soutenues par le PPR tout au long de cette année ont contribué à favoriser l’interconnaissance et les synergies entre les chercheuses et chercheurs issus des différents projets, comme l’identification de questions transversales sur lesquelles se dessinent de toute évidence des points de consensus au sein de la communauté du PPR. Enfin, le PPR s’est doté d’outils pour favoriser la mobilisation des connaissances scientifiques afin de nourrir l’action et les pratiques.  Les conditions sont désormais pleinement réunies pour qu’un « effet programme » puisse pleinement se déployer dans les années à venir. 

Si j’avais un conseil à donner à la nouvelle direction, ce serait de réussir à garder le cap, en veillant à combiner au mieux la poursuite des objectifs institutionnels en termes d’effet programme et le renforcement du collectif formé par les différentes communautés de chercheuses et chercheurs au travail.